Evénement le 6 octobre à Pleyel : ce soir-là, l’immense Alfred Brendel tirera sa révérence sur le sol français avec le Concerto pour piano n°9 «Jeunehomme» de Mozart.

À la fois modeste et rayonnant, amoureux des sons et des mots, Alfred Brendel est sans doute l’un des plus grands pianistes de notre temps. Le son feutré de ses interprétations, le toucher magique qui le distingue font de ce pianiste aussi musicien qu’intellectuel un artiste d’exception qui, après une carrière dense et ininterrompue, a choisi de tirer sa révérence cette année.

Dernier concert pour le public français à qui il a choisi de faire ses adieux, le 6 octobre à Paris, salle Pleyel, avec le Concerto pour piano n°9 « Jeunehomme » de Mozart dont il a exploré les moindres recoins et sondé à l’infini les nuances.

Pour l’occasion, Brendel sera accompagné par l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich sous la baguette assurée de David Zinman qui interprétera également la Symphonie n° 1 « Titan » de Mahler.

Quant à l’annoncé dernier concert, il aura lieu le 18 décembre à Vienne au Musikverein avec le Philharmonique de Vienne dirigé par Charles Mackerras. Un communiqué officiel avait annoncé qu'après cette date, « Monsieur Brendel allait poursuivre des activités qui lui sont chères comme la littérature, domaine dans lequel il a déjà remporté de grands succès, et fera des lectures dans des universités et institutions musicales ».

Né le 5 janvier 1931 à Wiesenberg en Moravie (République tchèque), Alfred Brendel a étudié le piano, la composition et la direction d’orchestre à Zagreb et à Graz et a perfectionné ses études de piano auprès d'Edwin Fischer, Paul Baumgartner et Edward Steuermann. Il remporte le Concours Busoni en 1949 et sa carrière connaît alors un essor international. Il se produit dans toutes les plus grandes salles et les plus importants festivals.

Brendel a été le premier pianiste à enregistrer l’intégrale de l’œuvre pour piano de Beethoven et il a contribué dans une large mesure à faire figurer sur les programmes de concerts les sonates de Schubert et Schœnberg. L’affinité qu’a Brendel avec la musique profondément dramatique et émotionnelle de Schubert n’exclut nullement le sens de l’humour de l’artiste. Dans un questionnaire, il a noté « rire » comme étant son occupation favorite. En 1984, sa conférence dans le cadre des Conférences Darwin données à l’Université de Cambridge, traitait du sujet : « La musique classique doit-elle être absolument sérieuse ? »

Entre 1992 et 1996, Alfred Brendel enregistre et donne à travers toute l’Europe et les Etats-Unis l’intégrale des sonates pour piano de Beethoven. À la suite de ce cycle à Londres, et en reconnaissance de son talent, il a reçu le « Classical Music Award » de l’Evening Standard du meilleur concert de l’année, et l’intégrale de ces enregistrements Beethoven a reçu le « Preis de Deutschen Schallplattenkritick 1997 ». Les points forts des dernières saisons comprennent un cycle des concertos de Beethoven à Londres, Paris, New-York et au Festival de Cheltenham, une série de récitals Schubert donnés à guichets fermés pour célébrer le bicentenaire de la naissance du compositeur, et les concertos en ré mineur et ut mineur de Mozart avec Sir Charles Mackerras au Festival d’Edimbourg.

En 1998, Alfred Brendel a célébré le 50e anniversaire de sa carrière ce qui a fait l’objet d’événements tels que le Winterreise avec Matthias Gœrne aux festivals de Berlin, Belfast et Edimbourg, la dernière partie du cycle des concertos de Beethoven à Vienne avec le Wiener Philharmoniker et Sir Simon Rattle, un autre cycle des concertos de Beethoven à Münich avec Sir Colin Davis, et de nombreux récitals à travers l’Europe et les Etats-Unis. En 1999, Brendel a effectué une tournée avec le Quatuor Alban Berg, un mois en résidence à Carnegie Hall, des récitals avec Matthias Gœrne, et une tournée de récitals au Japon.

À l’occasion de son 70e anniversaire en 2001, Alfred Brendel a donné des séries de concerts à Londres, Paris, Vienne, Tokyo, Cologne, Amsterdam, Bruxelles et Francfort, les Concertos de Beethoven à Boston avec Seiji Ozawa, ainsi qu’au Festival de Salzbourg avec Sir Simon Rattle et l’Orchestre philharmonique de Vienne. Un documentaire a été spécialement commandé et filmé par la BBC, « Alfred Brendel : Man & Mask », diffusé à travers l’Europe qui a fait l’objet d’un DVD. En 2003 et en 2004, Brendel joue et enregistre toutes les Sonates pour piano et violoncelle de Beethoven avec son fils Adrian Brendel, et enregistre deux CDs avec Matthias Gœrne.

Alfred Brendel enregistre exclusivement pour Philips Classics. Pour célébrer son 65e anniversaire en 1996, Philips a sorti un coffret intitulé L’Art d’Alfred Brendel comprenant des enregistrements réalisés tout au long de sa carrière. Ses récents enregistrements depuis les concertos pour piano de Beethoven avec Sir Simon Rattle et l’Orchestre philharmonique de Vienne, trois disques de concertos de Mozart avec Sir Charles Mackerras et le Scottish Chamber Orchestra, les deux premiers disques de sonates de Mozart, un enregistrement « live » de sonates de Schubert, sortis à l’occasion de son 70e anniversaire. Dans la série des « Great Pianists of the XXth Century » chez Philips, trois coffrets sont consacrés à Brendel incluant un certain nombre d’enregistrements publics publiés pour la première fois.

Outre la musique, Alfred Brendel a toujours été passionné de littérature qui reste sa seconde occupation. Il a publié deux livres, Musical Thoughts and Afterthoughts et Music Sounded out, ce dernier ayant été récompensé en 1990 du « Royal Philharmonic Society Music Award ». Il a aussi publié, en allemand, deux recueils de poèmes humoristiques en prose, intitulés Fingerzeig et Störendes Lachen während des Jaworts. Une traduction anglaise de ces poèmes One Finger Too Many, a été publiée en 1998. Un recueil inédit de poèmes en prose traduits de l’allemand en français a été publié par Christian Bourgois en 2001. Le voile de l’ordre, recueil d’entretiens d’Alfred Brendel avec Martin Meyer, publié chez Bourgois, a reçu à Paris le Prix Pelléas en octobre 2003.

Alfred Brendel est diplômé à titre honorifique des universités d’Oxford, Exeter et de Yale et a été fait Knight of the British Empire (Chevalier de l’Empire britannique) en 1989. Il a reçu en 1992 la Médaille Hans von Bülow de l’Orchestre philharmonique de Berlin. Depuis décembre 1998, il est membre honoraire de l’Orchestre philharmonique de Vienne. En 2001, il a reçu un « Cannes Classical Award » et « l’Edison Award » pour l’ensemble de sa carrière et il a également reçu le prestigieux « Beethoven Ring » de l’Universität für Musik und dartellende Kunst Wien. L’année suivante il a obtenu le Leonie Sonning Music Prize à Copenhague, le Robert Schumann Prize der Stadt Zwichau, en 2002 le South Bank Show Classical Award et plus récemment en 2004 le Ernst von Siemens Musik Prize.

Alfred Brendel a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur en octobre 2003. En 2004, il reçoit le Prix Ernst von Siemens, équivalent pour la musique du prix Nobel pour les sciences et la paix. En 2007, il est récompensé par le prix « Une vie en musique - Arthur Rubinstein », que la critique considère comme un prix Nobel de la musique. La même année, le pianiste virtuose annonce qu'il souhaite prendre sa retraite pour le 18 décembre 2008, après un concert viennois...

Le site officiel d’Alfred Brendel

Le site officiel de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich

Le site officiel de la salle Pleyel

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