Avec « Metal, Diabolus in Musica », la Philharmonie de Paris consacre une exposition grand public qui mise sur des collections d’objets, instruments, costumes, disques et reliques en tous genres.

Et le metal entra à la Philharmonie de Paris… Joliment éclectique dans les thématiques des expositions qu’elle propose (l’électro, le hip-hop, la Great Black Music, le punk, les musiques jamaïcaines…), l’auguste institution parisienne muséifie cette fois un genre ultra populaire mais qui a souvent été ostracisé par les médias généralistes et les institutions. Même les experts et autres penseurs des musiques populaires n’ont jamais véritablement pris au sérieux ce metal qui rassemble pourtant des millions de fans aux quatre coins du monde et compte parmi les mouvements de la contre-culture les plus riches en sous-genres, codes, rites et formations.

Il suffit de regarder les tops récurrents des 100 meilleurs albums de tous les temps dans des magazines et sur des sites respectables pour n’y croiser, au mieux, que quelques disques de Led Zeppelin, Black Sabbath, Deep Purple, AC/DC et éventuellement Metallica… Avec la grande exposition Metal, Diabolus in Musica qui s’installe à la Philharmonie de Paris, au Parc de la Villette, jusqu’au 29 septembre 2024, les pendules sont en voie d’être remises à l’heure.

Metal, Diabolus in Musica - © Philharmonie de Paris
Metal, Diabolus in Musica - © Philharmonie de Paris

Les commissaires de l’expo, Milan Garcin et Corentin Charbonnier, et leurs conseillers scientifiques, Jean-Pierre Sabouret et Christian Lamet, ont clairement opté pour une approche grand public ; voire très grand public. Une première salle rend sobrement et efficacement hommage aux pionniers du hard (Led Zep, Sabbath, Purple…), une autre se concentre sur toutes les divisions du metal : death, thrash, speed, hardcore, nu, power, symphonique, etc/. Malheureusement, les textes de présentation sont souvent très succincts et wikipedesques, sur le ton Le Metal pour les nuls ! Les thématiques des autres pièces sont plutôt bien choisies : Imaginarium, Guitar Heroes, Culte collection, Scène française, Engagements et controverses… Mais le traitement est le même et tous les panneaux explicatifs sont rarement plus diserts que trois posts Instagram mis bout à bout... À l’arrivée, avec leurs artefacts emblématiques et des extraits sonores et vidéos, l’expo mise sur l’immersion audiovisuelle plutôt que l’uppercut.

Led Zeppelin, fin 70's - © Chris Walter/ Agence DALLE aprf
Led Zeppelin, fin 70's - © Chris Walter/ Agence DALLE aprf

La scénographie (signée Clémence La Sagna et Achille Racine) reflète les esthétiques de la scène metal, des festivals avec une inspiration religieuse. Suivant le plan de la nef d’une église et orientée vers sept chapelles (dédiées à sept sous-genres), cette mise en scène est structurée par des ponts scéniques, chapeautés de bons gros spots rappelant l’architecture des messes live.

Arch Enemy, Zénith Paris, 2022 - © Corentin Charbonnier
Arch Enemy, Zénith Paris, 2022 - © Corentin Charbonnier

On comprend que si le didactique, le scientifique, l’universitaire et même l’analytique sont un peu aux abonnés absents de Metal, Diabolus in Musica, c’est pour laisser la place à une collection d’objets XXL. Là, les commissaires ont réuni de quoi rendre dingues les fans : instruments et costumes de musiciens célèbres provenant de divers Hard Rock Cafe américains (la basse de Lemmy de Motörhead et celle de Gene Simmons de Kiss, un manteau doré d’Ozzy, une guitare de Dimebag Darrell de Pantera, la platine de Joe Hahn de Linkin Park), pochettes d’albums, partitions (celle d’Antisocial de Trust), lettres manuscrites, coffrets, livres, affiches, t-shirts, merch, œuvres d’artistes contemporains (Hans Ruedi Giger, Gottfried Helnwein, Wim Delvoye), plus de 400 pièces sont présentées à la Philharmonie !

Et pour vivre tout cela en 360°, une salle diffuse sur écran panoramique des concerts du Hellfest 2023 pour que chacun puisse se retrouver au cœur des cérémonies indissociables du metal : headbang, mosh pit, circle pits et autres wall of death. Metal, Diabolus in Musica s’adresse donc avant tout aux novices et les fans hardcore du genre n’apprendront pas grand-chose de neuf. Ils auront en revanche de quoi palpiter devant cette impressionnante collection de reliques.

Lire aussi