The Magic Place

Chronique

Julianna Barwick est un trip en soi. En soie aussi. La soie d’une voix. Celle de cette fée de Louisiane qui peint sa musique comme un chant de baleine, stellaire et infini. Peu d’instruments. Essentiellement des effets filtrant cet organe chloroformé, comme une sainte version de celui de Liz Fraser des Cocteau Twins. Rythme au ralenti et sensation de coma, l’ambiance est chamanique. Et les filiations toutes oniriques : Sigur Rós, Mystère des Voix Bulgares, Dead Can Dance ou le Brian Eno d’Ambient 1: Music For Airports… Il faut lâcher prise, totalement, pour léviter avec cette envoûtante prêtresse déconnectée de toute réalité. Juste se raccrocher à ses harmonies répétitives, empilée délicatement en couches ouatées. Et comme The Magic Place n’affiche aucun compromis, le jugement est lui aussi tranché. On peut aisément ainsi trouver caduque, pour ne pas dire soporifique, cette B.O. irréelle. Pourtant, Julianna Barwick ne fait jamais dans la musique pour faire pousser les tomates. Evitant le piège new age, ses symphonies intérieures regorgent de recoins plus subtils qu’il n’y paraît. Un bien être unique. © Marc Zisman